Bonjour les rêveurs,
Je vous présente aujourd’hui le rêve de Yann. Les habitués de la Rêverie doivent sûrement le reconnaître : c’est la tendre moitié de notre Business Woman Maëlle PENCALET !
Yann a une âme d’aventurier et il décide de nous partager une de ses grandes aventures, peut-être la plus marquante ?
Son voyage en Inde.
Belle découverte mes curieux.
Et dans le perso : papa
"Les rêves c'est ce qui se passe dans la tête quand on dort non ? Eveillé, je parlerais d'envie, d'objectif ou de projet. Des choses que j'ai envie de faire, de voir, de vivre ou d'entreprendre dans ma vie.
Je pense qu'un de mes plus grands rêves c'était de voyager en Inde. Cela m'a tenu longtemps et je l'ai réalisé en 2013/2014.
Mon contexte personnel, 28 ans, célibataire, marre de mon boulot de salarié. J'ai mis les voiles en mode tour du monde. Pas de date retour.
Au final, 5 mois en Inde, 1 au Népal, 1 en Thailande.
Au retour, j'étais en couple avec ma future épouse et une nouvelle direction à donner à ma vie. Trouver ma compagne de vie était aussi un de mes rêves. Je ne vivais pas très bien le célibat trop longtemps.
Devenir papa...c'était une envie. Je ne me voyais pas sans enfant. Pour autant, j'ai davantage flippé de devenir père que de partir en Inde haha. Une sacrée responsabilité à prendre.
Bon là ça fait 3 rêves et si je dois détailler, il faudrait un livre (au moins un petit).
Mais je décide de rester sur le voyage en Inde.
Depuis l'adolescence, j'y pensais. J'ai été scout de France depuis mes 8 ans et j'ai vu/entendu les récits de voyage des "grands" (les compagnons, 17-21 ans). Ça parlait d'Inde et d'Afrique. Cela a piqué ma curiosité. Je me voyais bien explorer ces endroits.
A mes 21 ans (2006), j'ai eu l'occasion de faire ce type de projet. Je suis parti à Madagascar pendant 1 mois et demi avec 3 amis.
Cette expérience m'a donné envie de repartir assez vite mais, j'ai continué mes études (sans plus de motivation), trouver un taf (sans plus de motivation non plus), j'étais aussi en couple et je ne voulais plus partir (note que je me suis mis des barrières mentales tout seul).
Et puis la vie : de nouveau célibataire, il me restait le boulot comme attache mais je m'en lassais (même si j'adorais mes collègues). J'avais oublié le voyage jusqu'à un soir (un dimanche, bonsoir le blues). Je me souviens parfaitement du moment. Je n’avais pas envie d'aller bosser le lendemain, d'avoir une semaine qui se répète, et la pression de mon chef sur le dos. J'étais chez une amie, avec sa sœur aînée et les potes de sa sœur. Ils revenaient d'un voyage...je ne sais plus d'où...mais ça m’a marqué sans que je m'en rendre compte sur le moment.
Rentré chez moi, impossible de dormir. ET là boum "Faut que je m'en aille !".
Tout était revenu. J'ai commencé à prévoir les grands axes de préparation et j'ai enfin pu dormir un peu. Et tout s'est orienté sur ce projet pendant presque 1 an. J'ai préparé mon départ de l'entreprise, je suis retourné vivre chez mon père pour "banquer" le plus possible, préparer un sac trop gros et trop lourd et j'ai décollé pour Delhi...avec le trouillomètre à zéro.
C'est un moment de ma vie où je me sentais très heureux et très libre. Je me dépossédais de plein de charges mentales et financières : la voiture, l'appartement en location, les assurances, les factures qui leur sont liés. Et je me concentrais sur quelques objets à mettre dans mon sac. Faire le tri de mes affaires.Travailler vite fait mon anglais.
Tous mes proches m'enviaient (certains étaient un peu tristes de me voir partir) mais je me sentais le roi du monde ou un genre de superman. C'est au seuil de l'avion que je suis revenu un peu sur terre.
« Mais je suis complètement fou. Je ne connais rien à l'Inde. Je n’ai même pas lu le bouquin qu'on m'a offert sur les us et coutumes. Je vais me faire avoir. Ca va être horrible et terrible. En plus on dit que l'inde c'est quitte ou double : t'aime ou t'aime pas ! Je ne parle et ne comprends rien à l'anglais. »
Et là encore, j’étais accueilli à mon arrivée par un pote. Je restais chez lui deux semaines. Les deux semaines les plus angoissantes de mon voyage (surtout la 2ème). En découvrant le pays, je me demandais comment j'allais m'en sortir : je ne comprenais rien, même pour commander un truc ou négocier un prix j'étais en stress. J'appréhendais vachement de me retrouver seul. En plus j'ai été malade...je ne vais pas te faire un dessin.
Et au moment de quitter le nid que mon ami m'a offert... Pffff, la peur envolée. Place à l'action. Pas le temps de réfléchir. Vivre le moment présent.
Prendre le temps par d'autres moyens de se faire comprendre.
Et puis au bout de quelques jours puis quelques semaines, je me sentais parfaitement à l'aise (même si je ne comprenais pas toujours tout). Je n'avais plus du tout peur de "me tromper" ou de ne pas "bien comprendre". Je réservais de moins en moins en avance les guest house et je restais plusieurs jours au même endroit en planifiant de moins en moins.
J'ai kiffé. Les paysages, les rencontres locales et internationales. Pris du recul sur ma vie, ce que je voulais, ne voulais plus. Pendant ce voyage et même après, j'ai remis plein de choses en question. C'est plutôt au retour que c'était plus compliqué avec certains proches. J'avais trop changé.
Prochain rêve en ligne de mire : Profiter !
Remettre du sens dans ma vie personnelle. Je suis un bourreau de travail, j'adore ça mais je sens bien que je ne suis pas très équilibré avec mon quotidien. Mon quotidien c'est ma famille bien sur (je suis tout même très présent pour elle) mais c'est aussi ma maison, mon terrain, mes loisirs, mon écologie personnelle.
Savoir me retrouver au moment présent.
C'est quelque chose que j'ai bien perdu depuis ce voyage.
Et j'aimerais bien le retrouver."
Comme vous pouvez le lire, Yann a des rêves d’évasion depuis le plus jeune âge.
Petit aventurier chez les scouts, il découvre les récits de voyage des plus grands. Puis une première expérience à Madagascar nourrit ce désir de voyage mais la vie fait que cette envie se fasse oublier.
Un jour, tout change. Moment charnière enclin au changement, une nouvelle soirée remplie de récits inspirants. C’est parti Yann décide de se lancer !
Mais attention pas n’importe comment ! J’aime cette organisation, cette manière de préparer les choses, c’est selon moi une manière de partir serein. C’est peut-être cette organisation qui a fait qu’il n’avait pas peur avant d’arriver à l’aéroport le jour de son départ.
Etait-ce une manière de garder le contrôle sur la situation ou de ne pas penser à l’après ?
Ou est -ce-qui’il n’avait tout simplement pas le temps d’y réfléchir vue le nombre de choses à préparer ?
Je ne sais pas et je ne peux pas parler à sa place. Par contre, il est vrai que si je devais partir à l’aventure, ce qui me donne très envie, j’en ai d’ailleurs parlé dans d’autres gazettes, j’aimerais vraiment organiser les choses, c’est sûrement une manière pour moi de garder le contrôle. Le contrôle sur l’inconnu… Assez rigolo car c’est tout bonnement IMPOSSIBLE de contrôler l’inconnu. L’impression que c’est une manière de ne pas se projeter non plus.
Mais en fin de compte, ça le rattrape au dernier moment, à l’aéroport lorsqu’il est temps d’embarquer. D’un coup, « Oh mon Dieu qu’est-ce-que je suis en train de faire ? ». Je me retrouve beaucoup en lui et je pense que j’aurai réagi de la même manière.
C’est finalement pendant tout le temps où il est dans une certaine zone de confort que Yann est mal à l’aise, il l’explique d’ailleurs pendant ces deux semaines chez son ami où il tombe même malade. C’est au moment où il doit se lancer seul que la peur s’envole, il faut seulement y aller, vivre le moment présent, il n’a pas trop le choix, il est là. Il doit réussir à se faire comprendre et à comprendre les gens s’il veut tenir un long moment en Inde. J’ai souvent entendu que la meilleure chose c’est de s’immerger dans la culture, dans le pays où l’on parle la langue qu’on souhaite pratiquer. Il n’y a rien de mieux, c’est de cette manière que l’on prendra l’habitude. En effet, c’est ce qu’il vit, il n’a plus peur de se tromper et cela finit par devenir fluide.
Nouveau moment charnière car d’un coup il vit vraiment le moment présent : moins de réservations à l’avance, moins de planifications, etc. Il se laisse finalement le droit de vivre pleinement cette expérience et c’est là qu’il kiffe. Il finit par se concentrer sur d’autres choses : les paysages, les rencontres, faire le point sur soi. Le moment où on ne contrôle plus est le moment où tout arrive.
J’ai aussi aimé sa manière de voir la liberté notamment quand il parle de se défaire des charges du quotidien telles que le travail, l’appartement, toutes les charges financières qui finalement au quotidien nous paraissent normales et même les outils de prise de liberté en partant de chez nos parents.
Etions-nous plus libres avant ?
Chez nos parents, sans toutes ces charges ?
Alors oui, nous avons tous été « cernés » par les règles de la maison qui ne nous convenaient pas toujours et le fait de quitter le domicile familial nous a toujours été vendu comme la LIBERTE, la vraie.
Mais en réalité, sommes-nous vraiment libres à ce moment là ?
La réflexion de Yann invite à réfléchir.
Très intéressant que c’est en se défaisant de toutes ces charges qu’il se sent libre.
Autre point qui me fait réagir: à chaque récit d'aventure comme celui de Yann, le retour est toujours très marqué. L'entourage qui les a vu partir et qui les accueille à leur retour peut avoir une réaction controversée: le rejet ?
Je suis persuadée qu'une telle réalisation de rêves chamboule vraiment de l'intérieur, ceux reviennent ont changé. D'ailleurs, je préfère dire qu'ils ont laissé épanouir leur âme, c'était déjà là, à l'intérieur et ça n'avait besoin que de s'épanouir.
Le rejet de l'autre au retour peut être traduit de différentes manières: pour ma part, je vois que les autres peuvent être ébranlés par une telle réalisation de rêves, leur proche est parti plusieurs mois avec seulement l'essentiel dans un autre pays, seul. Cela peut activer des peurs ou même des regrets à ne pas réaliser eux-mêmes leurs rêves.
Autre manière de voir les choses: cette personne qui revient de voyage, est revenue à l'essence même d'elle-même. Elle est sûrement beaucoup plus sûre d'elle-même et sait ce qui est bon pour elle. L'entourage qui peut parfois être toxique perd une certaine "emprise" ce qui peut les gêner ardemment. Alors, l'entourage fuira.
Grand bien lui fasse tant qu'il n'ébranle pas au passage cette belle force que le voyageur a acquis et ne perdra jamais plus.
Le témoignage de Yann me pousse à m’interroger sur différentes choses mais aussi à vous poser quelques questions !
La définition de la liberté c'est un sentiment de non dépendance, de non enfermement mais également le fait de pouvoir agir sans contrainte, en toute autonomie.
Si je dois vous donner ma propre définition de la liberté, ça serait une image: respirer l'air, s'oxygéner. Quand je pense Liberté, je m'imagine sur une falaise dans les Highlands en Ecosse, le vent soufflant, les poumons ouverts pour accueillir l'air frais et sain. Je ne sens plus de douleurs, de poids sur mes épaules, des omoplates ouvertes et détendues.
Ne plus avoir aucune charge et ne vivre que d'air et d'eau mais aussi d'amour.
Partir à l'aventure, c'est aussi une prise de liberté. C'est oser sortir de sa zone de (non-)confort et se lancer. Je n'ai jamais vécu d'aventure comme celle de Yann. Elle m'aurait sûrement changée à jamais. Je ne regrette rien. Si ma vie s'est déroulée de cette manière, c'est que cela devait se passer comme ça. Appelez ça comme vous voulez: karma, mektoub, destin, etc. C'était écrit. C'est ce qui fait que je suis qui je suis et que je suis entourée des personnes que j'ai choisi.
Cela fait maintenant plus de deux ans que je me sens libre. J'ai rompu le contact avec des proches aux comportements toxiques. J'ai l'impression de vraiment respirer, que mon esprit est plus paisible, la torture des scénarios catastrophes m'a un peu laissée tranquille. Mais c'est aussi en accédant à l'entrepreneuriat que j'ai réussi à sentir une sensation de liberté également. Pouvoir rêver de créer sa vie sur mesure, c'est une belle liberté que je me suis octroyée. Je ne sais pas si cela durera mais je souhaite profiter de cette oxygénation tant que cela est possible.
Pour finir, je te repartage mon rêve de visiter l'Ecosse en van ou même en tente. Mode roots activé, oxygénation maximale en objectif, mes deux p'tits mecs à bord et mes rêves plein la tête.
Mes peurs ? La langue, la perte de contrôle, les imprévus enfin la vie quoi. Mais je sais qu'il faut lâcher(prise), c'est comme ça que toutes les choses positives arrivent et ce n'est pas Yann qui viendra me contredire. :)
Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire et de vous être interéssé.e.s au rêve de Yann.
J'ai hâte de vous retrouver le moins prochain avec une nouvelle rêveuse cette fois-ci.
A très vite,
Sahra
La gazette du rêveur
La gazette du rêveur est un endroit de partage. Un partage d'expérience, un rêve, des réflexions, des inspirations grâce au témoignage d'un de nos rêveurs qui nous conte un de ses rêves accomplis.
Créé avec © systeme.io par Yann Lopin Web