Bonjour les rêveurs,
Le mois de Juin est enfin à nos côtés, les longues journées ensoleillées s’apprêtent à éclore. La douce odeur du monoï, de l’eau salée de la mer, des cocktails et des glaces au marché estival approchent.
Bientôt la fête de la musique et cela tombe bien car nous accueillons la belle Alexandra Cohen grande chanteuse !
Son témoignage sera sous une forme assez différente des autres. Alexandra a répondu sous la forme d’un questionnaire. Je n’ai pas voulu dénaturer son propos et j’ai donc laissé ses réponses à mon interview telles quelles.
Je vous laisse la découvrir et voir mes réactions face à ce beau témoignage.
A vos liseuses !
"- Quelle est ta définition du rêve ?
Ma deuxième vie en ce qui concerne le rêve nocturne. Et pour les rêves diurnes, je dirai qu'il s'agit d'un cap dont la réalisation peut agréablement nous surprendre.
- Décris nous le rêve que tu as réalisé : Où ? Quand ? Comment ? Nous voulons tout savoir !!!
Devenir ma chanteuse préférée et ma meilleure amie. Je crois avoir concrétisé ce rêve aux alentours de mes 27 ans. Il a été une trame pendant mon enfance, mon adolescence et le début de ma vie adulte. C'est un rêve que je cultive encore quotidiennement. Devenir ma chanteuse préférée, ça a commencé depuis enfant. Je pouvais rester des heures dans mon salon avec les paroles de chansons que j'avais imprimées, à les apprendre par cœur, en déceler les moindres nuances et intonations. Puis, à 12 ans, pour la première fois, je jouais au piano et chantais en même temps ! C'était fou ! J'avais appris la chanson A Thousand Miles de Vanessa Carlton. Gros achievement de pouvoir s'accompagner en chantant. J'étais tellement fière et émue de ce moment où tout se mettait en place. Evidemment, les chanteuses/pianistes telles que Alicia Keys ou Véronique Sanson étaient de véritables sources d'inspiration pour moi.
Puis à 14 ans, j'ai composé ma première chanson piano/voix. Je l'ai faite écouter à des copines du lycée et bim ! J'en ai fait pleurer une ! C'était dingo ! Ma chanson avait touché quelqu'une au cœur. Quelques temps après dans les couloirs, j'entendais résonner ma chanson par des camarades. Qu'est-ce que j'étais fière ! Le lycée a vraiment été une période extrêmement faste en termes de création musicale et d'exploration de ma voix. Aussi, chaque année, il y avait un concours de chant que je remportais avec un petit groupe de copines/chanteuses. Dès ce stade, le partage était une part importante du plaisir que je prenais dans le chant.
A la fin du lycée, on m'a proposé un télé-crochet. J'ai dit oui. C'était une expérience traumatisante représentant une réalité totalement tronquée. Ça a été très difficile pour ma confiance en moi et en mon chant. Démêler le vrai du faux.
J'ai poursuivi mes études de droit pour faire plaisir à la famille et j'ai continué la création musicale en ermite. A la fin des études, ça y est : je suis officiellement chanteuse ! Avec des musiciens, des concerts, un micro fan-club et tout ! Ma façon de chanter s'installe de plus en plus. Je rencontre un prof de chant qui termine de débloquer ce qu'il restait à débloquer. Un super prof de chant qui m'a fait me rendre compte de tout ce qui se jouait socialement et familialement dans le fait d'oser chanter vraiment et totalement. Qui m'a fait aimer ma voix d'Opéra (et ce n’était pas gagné !), et donc aimer ma voix tout court dans toutes ses facettes. Après trois ans de chanteuse à temps plein, j'ai pris la courageuse décision que cette vie-là n'était finalement pas celle qui me faisait vibrer totalement. J'avais envie d'autres choses, au pluriel.
Ironiquement, à cet exact instant, on m'a proposé un deuxième télé-crochet (presque 10 ans après la première expérience donc !). J'ai dit oui pour prendre ma revanche et chanter comme j'avais vraiment envie de chanter. Histoire de boucler la boucle. Et là, il s'est passé un truc magique. Les sièges ne se sont pas retournés mais moi je me suis totalement retournée sur moi-même. J'étais ultra satisfaite de ma prestation et c'était tout ce qui comptait. J'étais devenue ma chanteuse préférée.
Aujourd'hui, j'aime faire des concerts spontanés et improvisés en faisant toujours participer le public, utiliser ma voix pour les cours de yoga et propulser d'autres personnes dans l'exploration de leur voix/voie. OSER ÊTRE VOTRE PROPRE MODÈLE.
Le rêve de devenir ma chanteuse préférée et celui de devenir ma meilleure amie sont intimement corrélés. Ils reposent tous deux sur le fait d'être actrice et autrice de son estime de soi plutôt que de la remettre entre les mains d'autrui.
- Depuis quand as-tu ce rêve ? L’enfance ? 1 an ? 5 ans ? Depuis un évènement majeur survenu dans ta vie ?
Oh depuis toujours je crois ?! A vrai dire c'est un rêve d'indépendance et d'amour pour soi.
- Les conseils, ce/ceux-celles qui t’ont aidé à concrétiser ce rêve.
Un super prof de chant qui m'a fait me rendre compte de tout ce qui se jouait socialement et familialement dans le fait d'oser chanter vraiment et totalement. Qui m'a fait aimer ma voix d'Opéra (alors que ce n’était pas gagné !), et donc aimer ma voix tout court et toutes ses facettes.
En ce qui concerne devenir ma meilleure amie, eh bien toutes mes déceptions amoureuses ou amicales dans lesquelles j'avais beaucoup trop investi au lieu d'investir en moi-même. Cultiver l'amour pour soi sans attendre que cet amour vienne des autres.
La rencontre avec mon mari a été la plus belle chose car c'est venu à l'apogée de ma concrétisation de rêve de devenir ma meilleure amie. Ce rêve là a pour corollaire d'apprécier et d'honorer la solitude pour pouvoir être plus juste dans ses rapports avec les autres.
- Les difficultés et doutes que tu as rencontrés.
Est-ce que devenir ma chanteuse préférée signifie forcément que je souhaite en faire mon métier à temps plein ? De loin la plus grosse interrogation.
- Et enfin, quel est ton prochain rêve ??
Transmettre à un maximum de personne cette confiance en elleux, cet amour pour elleux. Je crois sincèrement que c'est la clé pour un monde de bisounours vivant dans l'horizontalité et avec des voix/voies assumées."
Alexandra est ma formatrice de yoga. Je suis très admirative de la personne qu’elle est et c’est très intéressant de découvrir son parcours par le biais de ce dialogue.
Son ressenti est très intéressant surtout pour une teenage fan des deux télés crochets dont elle parle dans ce témoignage. Elle permet à toutes et tous de se rendre un peu compte des coulisses de ces expériences télévisuelles.
On nous partage assez souvent les ressentis positifs, ceux qui ont eu la possibilité de décoller suite à ces « tremplins » et qui sont reconnaissants. Cela donne une vision très édulcorée du monde de l’audiovisuel et donc très faussée.
Ce type de témoignage est selon moi très important, cela permet d’avoir tous les tenants et aboutissants pour faire des choix éclairés.
Ce que j’aime dans son partage c’est la différence d’âge dans ces deux expériences :
- la première se fait à 17 ans, période de l’adolescence extrêmement charnière pour la construction de soi. J’ai bien dit construction, nous ne sommes pas « finis », je l’ai d’ailleurs appris durant ma formation d’éducatrice Montessori, notre cerveau prend 25 ans à se construire.
Durant l’adolescence, des connexions neuronales sont abandonnées par le cerveau afin de garder les plus importantes, changement extrêmement crucial et qui explique les réactions très spéciales pendant cette période. Nous sommes en pleine formation physique, physiologique et psychologique durant ce grand moment. Nous sommes très vulnérables et les paroles sont vécues de manière très vive.
Vous imaginez bien qu’une expérience télévisée en immersion totale est très bousculante à cette période et Alexandra nous l’explique très bien : « C'était une expérience traumatisante représentant une réalité totalement tronquée. Ça a été très difficile pour ma confiance en moi et en mon chant. Démêler le vrai du faux. »
- la deuxième se fait 10 ans après soit à 27 ans, cerveau fini, vécu différent, Alexandra est passée par d’autres évènements de vie qui lui ont permis de se forger en tant que femme et en tant qu’artiste.
On y retrouve d’ailleurs de nouveau l’importance de l’entourage : un super prof de chant qui l’accompagne de la meilleure des manières afin d’arriver à l’aboutissement de son rêve : être sa chanteuse préférée. Cette dernière expérience n’aboutit pas de la manière positive traditionnelle mais Alexandra me fait totalement vibrée quand elle explique que les fauteuils des coachs ne se sont pas retournés mais qu’elle s’était retournée sur elle-même. CONSECRATION, elle se choisit, elle est la finalité, elle est okay avec qui elle est, avec sa voix/voie, son art, la manière dont elle le propage. Finalement elle est en harmonie avec elle-même.
Elle met aussi en exergue l’amour dans son parcours. L’amour des amis, l’amour d’un mari, l’amour de soi. 3 amours importants dans son chemin de vie. Et puis, d’un rêve d’enfant a abouti un rêve de vie : donner accès aux autres à la confiance en soi, à l’amour de soi, participer à un monde de Bisounours où chacun d’entre nous serait en accord avec ce qu’il est.
Dans mon cas, réaliser mes rêves c’est être harmonieuse. Chacun de mes rêves représentent une partie de mon être, lorsque j’en réalise un, je réalise une partie de moi, je suis accord avec moi-même et je contribue à mon monde de Bisounours à moi. Ce monde auquel je veux croire, auquel je voudrais contribuer à mon échelle par l’amour, la bienveillance, l’inclusion.
Je pense aussi qu’en finalité plus je réalise mes rêves plus je me rapproche de qui je suis et plus j’accède à un amour de moi. Je crois que s’aimer c’est être au plus proche de qui nous sommes, d’être dehors ce que l’on est dedans. Une réelle harmonie entre l’intérieur et l’extérieur.
Le chant fait partie de mon quotidien, j’adore chanter. Je ne sais pas si je chante bien, je sais que je n’ai aucune technique mais c’est un vrai rêve que de prendre des cours de chant et maîtriser ce bel art de la voix. La musique fait partie de ma vie par le biais de la danse et du chant mais de manière maitrisée par la danse. Le chant, selon moi, permet de transmettre des émotions encore très différemment de la danse. Mais c’est une manière qui m’inspire d’une force extrême. Le témoignage d’Alex sur son vécu de chanteuse, son parcours, les étapes qu’elle a traversées m’ont touchée car cela me rappelle mon propre vécu de danseuse.
J’ai failli participer à un télé crochet autour de la danse. Cela s’appelait YOU CAN DANCE. Je ne l’ai pas vécu comme une expérience traumatisante mais cela n’a pas été positif. Cela ne m’a mené nulle part, j’ai été très mal à l’aise, je n’ai pas aimé la compétition, le fait que personne ne se parle, chacun pour sa peau. Le brassard avec le numéro, c’était vraiment anxiogène et pour la jeune danseuse que j’étais ce n’était vraiment pas opportun.
Je n’ai pas été prise, j’y suis allée un peu comme une touriste et je ne me souviens que d’un commentaire autour de mon blazer que j’ai gardé pour danser et " que c’était vraiment dommage car cela avait coupé mes lignes car j’ai de très beaux bras qui font de très beaux mouvements." Je n’ai pas ressenti de tristesse mais je savais déjà que je n’allais pas être prise, je ne calais pas à l’image de la danseuse que l’on voulait voir sur le petit écran, c’est ce qui m’avait été un peu transmis ce jour là aussi bien par le jury que par les autres danseurs. J’ai par la suite pu suivre cette émission et en effet c’était très biaisé mais tout simplement parce que l’art est finalement assez subjectif, chacun est sensible à différentes choses dans la danse, le chant ou autre. Certains vibrent face à une grande technique vocale, de beaux portés en danse et d’autres sont sensibles aux émotions procurées, aux paroles d’une chanson, une mélodie, des mouvements fluides, un regard. Bref, tout le monde est différent et donc tout le monde vit l’art différemment.
Pour finir, il m’est très important de développer sur la dernière question que je vous ai proposée. Nous avons déjà beaucoup parlé de l’entourage dans les différentes gazettes parues ultérieurement. Mais il me parait essentiel de parler de l’entourage au sein des arts. Alex nous parle d’un professeur de chant dont la place a été cruciale dans son parcours. En effet, le rôle d’un pédagogue est capital voire fondamental dans l’acquisition d’un art tel que le chant, la danse, le théâtre qui sont des arts vivants.
Je l’ai déjà dit sur le compte instagram qui met à l’honneur ma compagnie ALMASHAEIR : je n’adhère pas du tout au concept de l’apprentissage de l’art par la dureté :
- dur labeur
- professeurs durs
- dureté du monde artistique
Je pense qu’entretenir la confiance en soi des élèves, c’est ça qui leur permet d’aller le plus loin possible dans leur art. Ce n’est pas avec des mots durs, des pratiques empreintes de dureté et de violence qu’on les accompagnera correctement dans leur chemin artistique. Ce n’est pas en étant injuste avec eux que nous les préparons au mieux à cette dureté du monde de la danse, de l’art ou de la vie en général. Il y a beaucoup de choses à défricher dans le domaine de l’art comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs !
L’art n’est pas censé faire mal, rendre triste, blesser. Cela permet l’expression de toutes les facettes de chaque individu, il prône la liberté d’être soi, le bonheur de vivre son chant, sa danse, son théâtre et j’en passe.
Si je parle de la danse : danser c’est faire vibrer chaque parcelle de son être, c’est avoir confiance en soi, en ses capacités, en son potentiel. Danser, c’est être. C’est un moyen d’émancipation, d’expression des émotions, la libération du corps et de l’âme. L’art est un acte libératoire, ce n’est pas réprimant, culpabilisant, ce n’est pas dur. En tout cas, cela n’a pas besoin de l’être.
Alors, il est essentiel de se faire accompagner par des personnes dont la pédagogie se veut respectueuse et surtout qui auront une vision de l'apprentissage par le plaisir et non par la dureté, la discipline, l'autoritarisme. Casser ses élèves, c'est casser un être humain à part entière, cela aura une incidence sur sa vie entière. Il est INDISPENSABLE de revoir les codes académiques de ces arts et de l'enseignement.
Alors vous ai-je donné envie de danser autant qu’Alex nous a donné envie de chanter ?
N’est-ce-pas une belle manière de terminer cette chronique ? Contribuer à un monde de Bisounours où l’art libérateur de l’être sera roi.
Faites de beaux rêves.
Sahra.
La gazette du rêveur
La gazette du rêveur est un endroit de partage. Un partage d'expérience, un rêve, des réflexions, des inspirations grâce au témoignage d'un de nos rêveurs qui nous conte un de ses rêves accomplis.
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