Gazette n°10: Capucine, Colombia su Encanto

" Mes rêves naissent de jour comme de nuit. Je suis obligée de parler de mes rêves nocturnes car parfois, ils se transforment en rêve de vie. Un rêve pour moi c’est une envie, lointaine, qui semble parfois inatteignable, mais qui se réalisera un jour, d’une manière ou d’une autre.

Rétrospectivement, certains de mes rêves sont partis sans se réaliser, mais sur le moment, pour moi, c’est comme une évidence ; ça ne peut que se produire !

Récemment j’ai réalisé un rêve que j’avais depuis 10 ans : rencontrer la Colombie et les Colombiens.

Comment j’en suis arrivée là ? C’est une longue histoire, une succession de rencontres, d’amour, d’événements, de petits pas et de rêves.

Dans ma famille, nous avons un mantra, hérité de mon grand-père : « en route pour de nouvelles aventures ! ». Il est crié fièrement au début de chaque grand voyage comme si nous étions des pirates à la découverte de contrées lointaines.

Chez moi ce sont des voyageurs, de gré ou de force.

À 22 ans, il était temps que je rende pleinement hommage au mantra familial.

Mais comment faire ? Par où commencer ? De petit pas en petits pas. D’abord en Ecosse, pour quelques mois avec mon amoureux de l’époque. Ce n’était pas si loin et je n’étais pas seule. Au moindre problème je pouvais rentrer à la maison. Je suis partie en stop et nous avons campé pendant presque tout le séjour. Il fallait que ça soit quand même un peu l’aventure ! J’y ai rencontré un Argentin qui m’a fait rêver pour la première fois d’Amérique latine. Ces récits de grandes steppes sauvages me fascinaient. Il m’apprit quelques techniques de bijoux en macramé, typiques de son pays, que je me suis mise à pratiquer assidûment.

De retour en France, l’appel de l’Argentine s’intensifiât. En bas de mon petit studio, il y avait un couple qui vendait des bijoux en macramé, à même le sol, en pleine rue. Ils parlaient espagnol entre eux et avaient des looks de punk à chien. À l’époque, je ne parlais pas un mot d’espagnol et j’avais une tête de première de la classe. Leurs bijoux étaient magnifiques. Je passais devant tous les jours sans oser leur parler.

Un jour, encouragé par mon amoureux, j’y suis allée. J’avais vraiment très envie d’apprendre de nouvelles techniques mais aussi très peur d’aborder des inconnus dans la rue. Grosse sortie de zone de confort ! L’homme était argentin et la femme née au Chili et adoptée par un couple de français. Nous sommes vite devenues amies.

Ils revenaient d’un voyage en Argentine et Chili et nous l’ont raconté. C’était décidé, mon conjoint et moi nous traverserions l’Atlantique à la découverte de ces deux pays. Nous sommes partis un an, en stop et camping. La grande aventure !

De multiples rencontres m’ont donné une folle envie de découvrir la Colombie. Les récits de voyages mêlants danse, artistes, cumbia, forêt tropicale, plage caribéenne, vallée de palmiers et sommet enneigé m’ont remplie de magie.

Entre-temps, je me suis séparée de mon conjoint. Et après avoir rassemblé mon courage, j’ai poursuivi mon voyage en Argentine et Chili, seule. Ça n’a l’air de rien écrit comme ça, mais partir seule à été un immense défi.

Me revenaient en tête les paroles de mon grand-père, qui sur son lit de mort m’a fait promettre de profiter de la vie et de suivre mes rêves. Je sais qu’on dirait une scène tirée d’un téléfilm de Noël mais je vous assure que quand on le vit ça perd tout aspect grotesque.

Je voulais poursuivre mon voyage et je n’allais certainement pas attendre de rencontrer quelqu’un pour le faire. Je ne me suis pas laissée le choix. Je suis partie et j’ai vécu un rêve éveillé. Pour m’accompagner dans ce voyage, j’ai gardé dans ma tête toutes ces femmes incroyables que j’avais rencontrées et qui comme moi, avait fait le choix de partir seule pour suivre leurs rêves. Elles m’ont portée, sans le savoir, et continuent encore aujourd’hui de m’inspirer.

De retour en France, la vie a repris son court. Le train-train quotidien avec un rêve lointain de Colombie. Je ne savais pas quand il se réaliserait mais je savais que ça arriverait.

Un jour, je suis de nouveau tombée amoureuse d’un franco-colombien. Je précise quand même que je ne l’ai pas su tout de suite et que j’étais à mille lieues de m’en douter. Comme vous le devinez, il est venu réveiller ce rêve qui sommeillait en moi depuis 10 ans.

Rapidement, nous avons partagé ce rêve ensemble. Nous ne savions pas « quand » ni « comment » mais pour ce qui est du « où » nous étions d’accord.

Une nuit d’Hiver, j’ai rêvé de notre mariage. Je n’avais jamais envisagé de me marier. Je n’en voyais pas l’intérêt. Mais ce rêve était si beau et j’étais si heureuse au réveil que je lui ai demandé sa main. Le reste s’est fait tout seul.

Nous savions ce que nous voulions. On ne s’est pas posé de questions. Six mois plus tard nous nous sommes unis et nous sommes partis en voyage de noces en Colombie.

Aujourd’hui je rêve de me remettre à l’artisanat, de pouvoir consacrer du temps à la création de bijoux et d’objets en tout genre et pourquoi pas, d’en vivre un jour.

Ce que je trouve un peu fou dans cette histoire c’est que j’ai déjà accompli ce rêve dans le passé lors de mon premier voyage en Amérique latine. À l’époque, je l’ai fait par nécessité plus qu’autre chose. Je ne me suis pas posée de questions. Je l’ai juste fait. Aujourd’hui, j’ai peur de me lancer dans cette nouvelle aventure.

Et voilà, la boucle est bouclée ! Finalement, peut-être que pour qu’il y ait « un rêve » il faut aussi qu’il y ait « quelques peurs » ? Comme toujours, j’ai confiance.

Je sais que quand ça sera le bon moment, j’abandonnerai cette peur pour me jeter à l’eau et réaliser ce nouveau rêve."